Avril 2017
Être ici est comme ouvrir un livre d'image. Il y a tout.
Tout ce que je n' oserais imaginer, tout ce qui me manquait, tout ce qui me rassure, tout ce qui me caresse. Je n'ai plus à penser , je n'ai plus à me tendre, c'est comme un flux d'eau fraîche
sur mon visage, sur ma soif, pas de passé, ni d'avenir, pas de tremblement, pas de souvenirs, pas de projet. Je pourrais rester immobile car tout ce qui est là autour me nourrit.
D'être ce sous-bois, ces oracles de vert, la spirale de la buse, la chute du vent..
Je n'ai pas cherché à être, ni à devenir, j'ignore ce que je suis, ce que les autres font, j'ignore ce qu'est la vie.
Mais je suis , je veux être là, car là est la logique, le sens, la direction. Près de la rivière, au milieu des bois, toucher la pierre.
Il y a une terre pour chacun, qui l'éclaire. Qui ignore ses besoins n'en peut plus de chercher un
assouvissement, il a faim, il a soif, il quémande, il prie, il croit, il achète, il commande, il hurle.
Et il y a une île au milieu de tout ça, c'est comme une porte qui apparaît , comme si elle avait toujours existé
mais moi je sais bien que je suis passée cent fois sans la voir.
On croit que l'on doit s'adapter, encore, encore, trouver un sens, justifier, mais que la marque de notre pas se pose exactement dans la trace qui lui était destinée, alors tout s'efface, le sort est rompu, la malédiction s'évapore. C'est notre point d'orgue, notre point d'équilibre parfait, si parfait qu'on a du mal à y croire, on rit, on tremble, presqu'on s'excuse de cette jubilation.
Ce n'est pas un bateau, ça n'est pas une voile, ce n'est pas une terre promise, ce n'est pas un objet qui s'achète, ce n'est pas une amitié ni un amour.
C'est.
Quand je ne suis plus personne, c'est que je suis vraiment... Je suis, parmi tout ce qui est, ni plus, ni moins.
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