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  • Photo du rédacteurannepatay

Dans le bois

Il y a en moi un ordinateur trop poli pour être honnête, il feint de ressentir à ma place, de savoir ce qu'il me faut, de choisir pour moi.

Les moyens de m'en débarrasser au moins quelques instants je les connais, peindre  en est un, chanter aussi.

Sortir dans la forêt le matin tôt pourrait être le plus direct.  En tout cas c'est dans cette circonstance que je me suis écriée en moi-même ce matin:   Fokçacesse.

Si l'on branchait sur mon cerveau un stethoscope spacioluminomental, on entendrait crépiter les fax, les interventions, les traductions, il y a un de ces bazars là-dedans, ça ne s'arrête jamais. Des mots, toujours des mots, des raisonnements, des conclusions des avertissements, des asservissements.. Je suis bardée de mots comme un rôti.

Assez habiles, tous ces mots pour se muer en émotions à la demande, mais que vaut une impression passée à la moulinette du raisonnement puis redéguisée en émotion? Je vous le demande? Pas bézef.

Je maîtrise si peu l'instantanéité du ressenti que même manger , ou respirer est compliqué, D'ailleurs je mange trop, et je ne respire pas assez.

Obligée de réfléchir pour respirer, un comble;

De m'invectiver lorsque ma main se dirige automatiquement vers le plat: une fidélité quasi para sympathique au mode de gavage du nouveau-né des années 60.

Rien à faire, mes sens ont beau me hurler: stopppp! Je continue, sourde et muette, quitte à me frapper de rage une heure après, en me traînant comme une baleine échouée.

Aussi bien dans les arbres, un élan revient, le footing sage et besogneux se mue en course déglinguée , mes pieds le demandent.  L'immobilisation soudaine et l'écarquillement des yeux au moindre bruit incongru est un réflexe d'animal nu lui aussi.   Ça fait du bien, si pendant quelques secondes je n'ai pensé à presque rien, ou pas tenté d'analyser.. 

Les choses m'échappent à tel point que par exemple c'est devant un film inepte que des larmes vont décider de sourdre de moi comme une pluie,  je suis de celles qui peuvent être prises de fou-rires dans les enterrements.

Allez , un verre de vin serait un bâillon au bavardage interne assez satisfaisant, quoique, de  pragmatique, le discours même devenu hasardeux et effiloché reste  présent vaille que vaille, soyons honnêtes

Je finirais par tester un second, voire un troisième verre bien qu'il soit source d' ennuis parait-il.  Mais là encore le cervordinateur m'invective et me menace, ma raison raisonne raisonnablement, quel embarras....

Et vous ça va bien?

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