On s'était quitté fâchées, elle et moi, y a bien des années.
Il faut dire qu'elle m'en avait fait voir, de l'eau, du deuil et même quelques flammes, trop pour une seule femme.
Je la trouvais même laide. Et puante.. Et froide.. et triste...
On a fait un grand tour de France on peut dire, 7 ans à Grenoble, presque pareil en Corse, nous voilà à Toulouse, et mes yeux ne font qu à regarder en l'air, vers le nord, le nord de la Loire.
Quand on était loin, on s'est senti de nulle part et de partout, de là où on posait nos meubles, de là où on élevait nos enfants..Je trouvais ça bien, comme une liberté supplémentaire.
Peut-être que je me suis même un peu mise à plaindre ceux qui restaient toujours au creux du nid qui les avait élevés, en clan, en bande, en socle familial aussi lourd qu'impressionnant.
On se rend compte quand on a plus ses parents, qu'avec eux y a toujours eu une accroche, un repère, un regard. Le culbuto ne pouvait pas tomber.
Puis quand ils ne sont plus là, on met un certain temps avant de s'apercevoir que ce malaise, ce courant d'air froid qu'on a dans les épaules, il vient de là. Et qu'il vient toquer comme une pointe lancinante sur un creux qu'on a sous l'os, le lest qu'on a laissé filer parce que ce n'était pas important..
On est retournés là-haut, il y a quelques jours..
En arrivant près de la côte nord, au volant de notre camion, aux toutes premières heures du jour, j'avais comme un courant continu qui tricotait sous la peau, je voyais les noms familiers, j'avalais le paysage en noir et blanc, le ciel était haut et machicoulé de gros nuages rapides, les petits toits serrés et noirs, les arbres et les haies, ça avait si bien repoussé! (depuis cet épouvantable remembrement des années 70)
J'ai failli virer et emmener tout le monde direct sur St Brieuc, mais on avait rendez-vous un peu plus loin.
Il se trouve que ce devait être le bon moment pour remonter, on a revu aussi presque tous les amis qu'on avait laissé derrière nous, il y a 15 ans.. (merci Paulo ;0))
Et ma Charlotte...
Commentaires