Il y a comme un hic dans notre façon de lire le monde, il y a comme un os.
Nous avons beau être les plus mobiles qui soient, les plus critiques, les plus sourcilleux de distinguer le vrai du faux, la vessie de la lanterne, nous continuons, encore et encore, à penser le monde comme des bûches (de Noël, ksss kss), comme des chars d’assaut, comme des parpaings.
Il y a quelques temps j’ai « offert » à mon chien un harnais, chic alors. Me suis dit, ce sera bien plus confortable pour elle, de ne plus avoir à tirer sur son pauvre cou.
Seulement voilà, elle fait la gueule quand je sors le beau harnais (Joséphine ??), elle bouge plus, voire elle recule devant cette avancée, oui clairement elle fait la gueule.
Moi pas comprendre….
Et puis j’ai commencé « Dans la peau d’un chien » d’Alexandra Horowitz. Oh j’en suis qu’au tout début. Mais déjà la lumière s’est faite (normal, c’est Noël)
Couvrir un chien, avec quoi que ce soit, un harnais ou un ravissant petit manteau pour la pluie, c’est une oppression, un acte de domination, ça équivaut dans le code chien à ce qu’un gros malabar pas gêné lui pose les deux pattes sur le dos histoire de dire « c’est qui le chef, hein ? c’est qui »
Alors c’est sûre, elle est drôlement plus sage avec le harnais, elle moufte pas , elle tire pas, en fait elle est mortifiée et je lui ai collé sans le vouloir son petit statut sympa de chose soumise.
Pas top..
Enfin, des fois ça peu être pratique, hin hin…
Et on passe notre temps à faire ça.
Tout, absolument tout, passe par notre splendide pouvoir de supposition, d’interprétation.
En fait on a notre caméra planté solidement et on la déplace jamais !
On ne change pas notre point de vue, enfin pas réellement, car si on essaie de se mettre « à la place de » , c’est avec un millier de « pré supposés ».
En ce moment, grand débat, on a découvert que les autres êtres vivants étaient …. des êtres vivants.
Avec un registre émotionnel, des relations sociales, familiales complexes . Des êtres sensitifs (sans aucun doute plus que nous d’ailleurs, mais là j’ai fait un pré-supposé, mouaaahh…) empathiques, solidaires.
Du singe à la paramécie (mais si)
C’est chouette
Mais voilà t’y pas qu’on se rue sur ce qu’on sait faire le mieux, interpréter.
On ignore absolument la façon dont une autre espèce perçoit le monde, en tout cas on en a qu’une faible idée, déjà qu’un mec a du mal à se mettre à la place d’une fille, et vice versa…
Sa façon de voir, sa façon de sentir, ses priorités, sa façon de ressentir.
Donc, comme papa dans maman, on se glisse dans la peau du dit être vivant qu’est pas comme nous pour décoder ce que nous pas comprendre.
Avec notre vision, notre olfaction, nos codes, etc.…
Puis on fait tout le temps ça aussi avec nos frères zet nos sœurs, nos enfants, nos amis, les gens.
On pré-suppose, on interprète, avec notre propre vision ce qu’ils ont dans la tête.
Grave
Un parent par exemple, met un temps infini à arrêter de réfléchir à la place de son enfant (s’il arrête un jour) de s’imaginer ressentir ce qu’il ressent, de prédire ce qu’il va penser.
On se libérerait drôlement si on arrêtait de faire ça,et surtout, surtout, on libérerait drôlement son enfant.
Ça fait comme un réseau de mailles très serrées, invisibles comme un filet dont on saucissonne notre progéniture chérie, le fruit de nos entrailles .
Ce serait chouette , sans…
Voilà, c’est tout
26 Décembre 2018
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