Peut-être qu'on ressemble à des peintres, à couvrir l'insondable avec une couche fine de couleurs et de traits
Le domaine non dit, non explicite, non formulable, non palpable est un océan, un univers, dans lequel nous baignons, et que nous feignons d'ignorer consciencieusement.
Malgré tout, ce que nous faisons, ce que nous disons est sans arrêt en lien avec cet univers.
Or tout ce que nous désirons, c'est de pouvoir appliquer une explication rationnelle à tout,
Pas tellement pour nous, car chacun peut-être, au fond, a bien conscience que le déroulé de sa vie obéit à des énergies et des flux invisibles.
Mais on ne supporte pas l'idée que l'autre ne puisse pas considérer nos agissements comme "normaux", explicables, rationnels
Quand je dis nous... Je sais bien que beaucoup de gens sont persuadés d'agir libre et hors les conventions.
Et certains y arrivent sans doute.
Dans une relation, par exemple, quelle est la part de nous-même qui suit des croyances ?
Par croyances, je veux dire, ce que nous pensons être ce que l'autre désire de nous.
Personne ne désire être avec un exemplaire de normalité.. pourtant c'est, je pense, ce que nous nous appliquons à présenter comme apparence, pensant que c'est ce qui sera le plus acceptable .
Mais les flux inconscients font comme des vagues sous ce masque.
(Pardon pour ma façon pas très rationnelle et tortueuse et coqàl'ânesque de pousser mes raisonnements, ;) )
Au final, ce que je veux dire par là, c'est que la mer sur laquelle notre petit bateau personnel essaie de garder un cap réfléchi reprendra toujours le dessus, et soit le bateau flottera, soit il restera bloqué sur son ancre et finira par couler.
Et surtout, le cap que nous nous fixions est un pur fantasme qui obéit aux conventions incrustées dans nos chairs, la mer sous nos pieds est un milliard de fois plus intéressante à écouter et à laisser s'expimer
Et cela pour en revenir à mon exemple au sein d'un relation: il est bien plus intéressant, bouleversant, magnifique de voir l'autre laisser apparaitre ses vagues et du coup nous montrer toute sa complexité, ses nuances et ses profondeurs, que de supporter qu'il se cramponne à son bateau et à son ancre.
J'ai eu sous les yeux récemment un couple dont il m'a semblé qu'autant leurs deux masques raisonnables subissaient l'usure du temps, autant leurs mers cachées respectives auraient pu s'accorder magnifiquement par l'ampleur de leurs nuances.
Mais chacun imagine peut-être qu'il doit pour "convenir"à l'autre, gommer toute sa part sauvage et complexe.
Le poison.
Pour notre malheur, et bien nous punir d'être vivants, la société s'est façonnée de telle façon que chacun de nos actes, chacune de nos pensées sont étiquetables et donc qualifiables. Mais vous savez bien ce qu'il en est des étiquettes, on les met sur un pot, puis le contenu change... et beaucoup de choses dans l'univers ne sont pas qualifiables ou alors pas comme on aurait pu l'imaginer.
Bref on est à l'étroit dans nos définitions.
Les définitions s'abattent autour de nous comme de petits couperets, arasant nos rameaux fantaisistes, nous sommes nos premiers censeurs.
C'est un peu comme si on imprimait un tableau immense de Zao Wu Ki sur un timbre poste.
Pourtant, même sans mots, lorsqu'on s'éloigne un peu de notre vie, en montgolfière par exemple , on voit bien, de haut , que notre cheminemen suit des méandres avec une justesse qui nous a complètement échappée, la justesse donnée par la mer qui est sous notre bateau. Cette mer qu'il ne sert à rien de vouloir aplanir.
Même si nous ne comprenons pas parfois sur quelle voie nous naviguons, le meilleur sextant est l'intuition.
Yorumlar