C'est une difficulté terrible pour moi de "laisser envoler l'oiseau".
Je suis dans le chaos de la rencontre de deux mers qui ne veulent pas cohabiter, ma part sage et ma part sauvage.
J'ai failli arrêter de peindre il y a quelques années car mon travail, classique, policé, "respectueux" ne présentait plus aucun intérêt pour moi.
En recommençant à peindre, en 2003 ou 2004 , j'étais sûre de désormais m'accorder la liberté attendue,
Mais 12 ans plus tard je constate que mes liens sont encore bien présents, qu'ils se sont resserrés même, doucement, sagement, pernicieusement.
Rompre avec , la décision n'est pas difficile à prendre, intellectuellement.. Mais physiquement c'est un duel , le besoin de parfaire, de soigner, l'idée de labeur est toujours à rôder.
C'est comme si, en travaillant sur ma toile, je regardais s'éloigner au fur et à mesure de mes coups de pinceau, de mes coups de couteau , l'horizon, le vent, la soif, la poussière, tout ce qui était en germe aux premiers gestes, et qui peu à peu s'ensevelit dans le convenu, l'imagerie.
Un chien à la chaîne qui entendrait hurler un loup ne se sentirait pas plus prisonnier que moi.
Je dois faire avec les variations de mon esprit et de mes ressentis, qui d'un jour à l'autre passent de la quête la plus pressante pour l'"autre chose" à une sorte de quiétude complaisante qui me rend absolument aveugle et sourde et me fait accumuler les couches, les reprises, les arrangements.
Il me faudrait 15 toiles en suspens pour ne plus avoir la tentation de les ensevelir, de les engluer.
Et pourtant, quand j'ouvre ce volet, comme elle est joyeuse , l'envie,
redécouvrir le très sensuel et riche bonheur de poser la matière sans calcul , d'observer comme de très loin ce qui se passe à l'insu des prérogatives.
L'autre moi. Il est là , dissimulé avec ses poils rêches , ses oreilles mobiles, ses griffes usées
11 Avril 2016
コメント